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Je reste ici, de Marco Balzano



Je reste ici

Roman de Marco Balzano

Traduction de Nathalie Bauer

Éditions Philippe Rey – 2018 et 10/18 – 2019

Irina a grandi à Curon, un village de montagne sur un territoire autrichien annexé par l’Italie en 1923 sous le régime fasciste de Mussolini. Le nouveau régime décide de relancer le projet de barrage pour produire de l’énergie hydraulique. Deux villages Resia et Curon seront sans doute immergés. Son rêve de devenir institutrice s’évanouit avec l’interdiction de parler allemand, leur langue maternelle. Quand Hitler prend le pouvoir, certains villageois espéreront être récupérés par l’Allemagne et voir s’arrêter la construction du barrage.

Marco Balzano a su raconter l’histoire avec un grand H à partir du combat d’une famille contre ce projet destructeur de leur environnement, sujet d’autre part hautement d’actualité. Comment ne pas se laisser emporter par le jeu des puissants quand on est simple villageois, comment choisir de partir ou de rester, de combattre d’un côté ou d’un autre, ou de refuser le combat et fuir, tels sont les sujets cruciaux traités avec soin dans ce très beau roman.

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Auteurs francophones, Conte, Lectures partagées, Mes coups de coeur

La plus précieuse des marchandises

La-plus-precieuse-des-marchandises-un-conte JC Grumberg

La plus précieuse des marchandises

Conte de Jean-Claude Grumberg

Éditions La librairie du XXIe siècle – Seuil – Janvier 2019cropped-emonji-étoile-de-mer-6-magnifique.png

 

 

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans la forêt, une pauvre bûcheronne vit seule, avec son mari le bûcheron, car le couple n’a jamais pu avoir d’enfant. Ils sont tellement miséreux qu’elle parcourt tous les jours le sentier le long de la voie ferrée, dans le but d’y ramasser ce qui a pu être jeté du train, jusqu’au jour où « la plus précieuse des marchandises » tomba … Ce don du ciel arrivera-t-il à faire naître une petite flamme d’humanité dans le coeur des hommes ?

Je vous conseille ce livre écrit par Jean-Claude Grumberg, auteur de nombreuses pièces de théâtre et de contes pour enfants. L’écrivain nous plonge dans l’horreur du nazisme par une description réaliste de l’arrivée des trains de déportés dans les camps, tout en réussissant à nous envoyer un message d’espoir et d’amour.

Auteurs étrangers, Lectures partagées, Mes coups de coeur, Roman

La voix des vagues

La voix des vagues Jackie Copleton

La voix des vagues

Roman de Jackie Copleton

Traduction de Freddy Michalski

Éditions Pocket – 2018cropped-emonji-étoile-de-mer-6-magnifique.png

 

 

Amaterasu Takahashi a quitté Urakami près de Nagasaki, avec son mari Kenzo, peu de temps après que la bombe atomique ait réduit la ville à néant. Sa fille Yuko et son petit fils Hideo ayant disparu dans l’enfer des flammes et leur beau-fils Shige Watanabe n’étant pas revenu de la guerre, ils décident de partir aux États-Unis pour ne plus avoir sous les yeux les lieux où leur enfant et petit-enfant ont vécu. Mais quarante ans plus tard, un homme au visage défiguré par des brûlures tape à sa porte et lui dit être son petit fils Hideo Watanabe. Amaterasu qui a recherché partout et sans répit son petit fils, n’arrive pas à croire à ce miracle qu’elle ne pense pas mériter. Cette réapparition lui ramène un passé douloureux en mémoire, leur vie avant la bombe avec ces compromis et ses secrets …

Ce roman de Jackie Copleton nous rappelle l’enfer de la guerre et les conséquences de la bombe atomique sur la population japonaise par le biais de cette famille dont la vie a été stoppée net au moment de la catastrophe. Par le parcours d’une mère et de sa fille, l’auteur nous montre le changement sociétal du début du XXe siècle au Japon. J’ai trouvé cette histoire passionnante, bien construite, avec des personnages simplement humains et attachants.

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La veuve des Van Gogh

Wet Eye Glasses

La veuve des Van Gogh

Roman de Camilo Sánchez

Traduction de l’espagnol (Argentine) par Fanchita Gonzalez Batlle
Éditions Liemonji étoile de mer 4 a lire absolumentana Levi – 2017
Dans « La veuve des Van Gogh », l’auteur nous dévoile des extraits du journal intime de Johanna Van Gogh-Bonger, l’épouse de Théo, écrit l’année qui a suivi le décès de son beau-frère Vincent Van Gogh. Ce livre parle de la fin de vie de Théo. Terrassé par le « suicide » par arme à feu de son frère, il s’éteint six mois seulement après la mort de celui-ci. Théo se reproche de ne pas avoir réussi à faire connaître les œuvres de l’artiste alors qu’il est persuadé de son talent. Il tente jusqu’à la fin de sa vie de mettre en place une exposition qui lui est encore une fois refusée.
Nous connaissons déjà le lien fusionnel entre les deux frères, l’auteur Camilo Sánchez nous fait découvrir la réaction de l’épouse de Théo à la suite de son décès. Johanna prend connaissance des lettres de Vincent à Théo et décide de prendre en main la succession des deux frères. La veuve va enfin réussir à faire connaître les peintures de Van Gogh tout d’abord en Hollande puis permettre à ce peintre de génie d’obtenir la renommée internationale qu’il mérite.
Auteurs bretons, Dédicaces, De la Presqu'île de Crozon et des environs

Samedi 3 août : Dédicaces de Brigitte Charoy

Samedi 3 août, 10 h à 13 h, à La librairie Le Parchemin, 7 Rue de Reims, à Crozon, Brigitte Charoy dédicacera ses ouvrages,  » la Chronique de l’Occupation à Camaret  » (« Si ces messieurs pouvaient plutôt s’installer au salon … » Tome I et II, pour lesquels j’ai fait un article en début d’année.), ainsi que le dernier paru,  » Avant nous « , une sélection de près de 1200 articles puisés dans la presse ancienne, racontant la vie en presqu’île de Crozon de 1800 à 1940, et illustrée de publicités d’époque.
 
avant-nous Brigitte Charoy
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Bleu de Delft

Bleu-de-Delft

Bleu de Delft

Roman de Simone vander Vlugt – 2016

Traduction Guillaume Deneufbourg

Éditions Philippe Rey 10/18 – Prix des libraires 2019emonji étoile de mer 4 a lire absolument

 

 

En mars 1653, la jeune Néerlandaise Catrijn quitte sa campagne natale après la mort de son mari dont elle subissait des violences qui en plus d’être quotidiennes, lui ont fait perdre son enfant. Elle tente sa chance à Amsterdam où elle trouve un travail d’intendante chez un couple dont la femme est peintre. Catrijn, qui a dû abandonner sa passion la peinture pour un mariage décevant, se retrouve à aider sa patronne dans la préparation de ses couleurs (comme le bleu tiré du lapis-lazuli). La jeune femme suit ainsi discrètement les leçons que sa maîtresse reçoit d’un élève de Rembrandt. Son passé la poursuit, le frère de son mari refusant de la voir partir avec son héritage, a fait ouvrir une enquête. Catrijn qui vient de rencontrer l’amour doit se résoudre à partir encore plus loin …

Ce roman nous fait suivre le parcours d’une femme forte, décidée à survivre à la violence conjugale, mais aussi prête à suivre les opportunités qu’on lui offre pour vivre de sa passion. La peinture, au XVIIe siècle aux Pays-Bas, n’était pas très accessible aux femmes, encore moins aux filles de paysans. Bleu de Delft nous fait découvrir le monde de la faïence néerlandaise, qui a pris son essor à cette période. Simone Van der Vlugt évoque très peu la peinture de Rembrandt et de Johannes Vermeer qui a peint la toile « La femme en bleu lisant une lettre » qui sert de couverture à son roman. Ces peintres sont les personnages secondaires de cette histoire pleine de rebondissement.

 

 

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La goûteuse d’Hitler

La Goûteuse d'Hitler - Rosella Postorino

La goûteuse d’Hitler

Roman de Rosella Postorino

Éditions Albin Michel – Janvier 2019emonji étoile de mer 3 a lire avec plaisir

 

Courant 1943, les alliés avancent à l’Ouest et à l’Est. Dans son quartier général, la Wolfsschanze, « La Tannière du Loup », Hitler est aux abois. Craignant d’être empoisonné, il décide de recruter des goûteuses. À la mort de sa mère sous les bombardements, Rosa, une jeune berlinoise est venue se réfugier chez ses beaux-parents à Gross-Partsch en Prusse Orientale. Elle sera l’une d’entre elles. Dans l’attente du retour de son mari Gregor parti se battre sur le front russe, elle se retrouve dans l’obligation de goûter la peur au ventre les plats qui doivent être servis au Führer. Entourée de ses compagnes d’infortune, elles risquent leur vie à chaque repas.

Ce roman nous dévoile une partie sombre de l’histoire laissée longtemps sous silence, elle est tirée de la vie de Margot Wölk qui a attendu l’âge de 96 pour parler. L’auteur, Rosella Postorino n’a pas eu le temps de la rencontrer, elle s’est inspiré de ses dires et a fait des recherches sur cette époque. Un roman qui tient en haleine, il nous fait vivre la peur ressentie par ces femmes à chaque bouchée. Il nous montre la violence qu’ont subie ces Allemandes qui étaient sous les ordres et le bon vouloir des SS.

 
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Vincent qu’on assassine

Vincent qu'on assassine Marianne Jaeglé

Vincent qu’on assassine

Roman de Marianne Jaeglé

Édition L’arpenteur (Gallimard – Avril 2016)           cropped-emonji-étoile-de-mer-6-magnifique.png                        Vincent qu'on assassine

D’après les conclusions des historiens Steven Naifeh et Gregory White Smith, Vincent Van Gohg a été assassiné. Se basant sur cette conclusion, Marianne Jaeglé retrace les dernières années de vie de Vincent Van Gogh, de mai 1888, période où il vivait à Arles et espérait la venue de Paul Gauguin, jusqu’au jour fatidique du 25 juillet 1890 où il mourut d’une blessure par balle.

Ce roman est empreint d’émotions que Marianne Jaegle a su merveilleusement restituées. Nous rentrons dans la peau du peintre Vincent Van Gogh, l’éternel écorché vif, au coeur rempli de doute, n’ayant aucune confiance en lui, ni en son talent, mais ne pouvant vivre qu’on peignant, persuadé d’être un poids pour son frère Théo qui croit en lui envers et contre tout et ne sait comment lui faire comprendre. L’auteur réussit brillamment à nous démontrer comment la société dans laquelle vivait Vincent Van Gogh a pu engendrer cette terrible fin.

Interview de Marianne Jaegle

J’avais eu l’occasion d’apprécier le film « At Eternity’s Gate » de Julian Schnabel, sorti le 15 Février sur Netflix, avant de lire le roman de Marianne Jaegle.

 

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La nuit des béguines

La nuit des béguines Aline Kiner

La nuit des béguines 

Roman d’Aline Kiner emonji étoile de mer 3 a lire avec plaisir

Éditions Liana Levi (Piccolo) -Sept 2018

À l’époque du Moyen âge, quel avenir pour les femmes veuves qui ont accompli leur rôle et devoir de fille, d’épouse et de mère ? Certaines ne souhaitant pas à nouveau subir l’autorité d’un époux, ont trouvé refuge au Grand Béguinage que le Roi Louis IX (Saint Louis) a spécialement créé pour accueillir ces pieuses dames condamnées au veuvage par les croisades et les guerres privées. Au début de XIV ème siècle le spectre de l’hérésie met à mal l’ordre des Templiers. Qu’en sera-t-il de cette communauté de femmes ni religieuses ni laïques qui se sont libérées de certaines règles qui leur étaient imposées ?

Entre Histoire et fiction, Aline Kiner a écrit un hommage à ces femmes courageuses ayant su s’extraire de leur condition.  L’auteur nous parle avec un foisonnement de détails de la vie quotidienne des béguines, solidaires, subversives et féministes, conscientes des privilèges qu’elles avaient obtenus mais restant à l’écoute du monde qui les entoure. Par une écriture sensible, Aline Kiner décrit le Paris médiéval, ses odeurs, ses bruits, ses couleurs, ses rues, ses métiers, ses suppliciés, ses cachots, ses superstitions… Le combat de ces femmes reste par ailleurs tellement actuel !!!

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Couleurs de l’incendie

Couleurs de l'incendie Pierre Lemaitre

 

Couleurs de l’incendieemonji étoile de mer 4 a lire absolument

Roman de Pierre Lemaitre

Édition Albin Michel

 

En février 1927 le jour de l’enterrement de Marcel Péricourt, son petit-fils de sept ans Paul tombe du balcon sur le cercueil de son grand-père. Madeleine sa mère part affolée avec les secours demandant à André Fournier son amant et le précepteur de son enfant de l’accompagner. Gustave Joubert le bras droit de Marcel prend les choses en main et reforme le cortège avec à sa tête le reste de la famille Péricourt l’oncle de Madeleine Charles, avec à son bras sa femme Hortense et ses deux filles, qui n’attend qu’une chose l’ouverture du testament pour savoir s’il pourra éponger ses dettes et repartir vers une réussite dont il reproche à son frère de ne pas lui avoir donné accès. Pendant que Madeleine se retrouve au chevet de Paul se demandant si son fils a été poussé ou s’il a vraiment cherché à mourir, l’empire financier de son père  va lui être mis entre les mains. Elle a été élevée pour être une bonne épouse et n’y est pas préparée. Son père cherchant à protéger son empire et l’avenir de sa fille et de son petit-fils bègue, avait souhaité qu’elle épouse Gustave Joubert de vingt ans son aîné ce que Madeleine avait refusé. Son fils survit mais sera handicapé à vie, elle culpabilise et n’écoutant que son cœur, s’occupe de son enfant laissant à l’ami de la famille Gustave Joubert le soin de gérer les affaires financières, de tenir les rênes de la banque de son père et du portefeuille qu’elle et son fils ont reçu en héritage.

Dans ce deuxième volet de la trilogie inaugurée par « Au revoir là-haut« , Pierre Lemaitre, pointe les affres du monde de la finance qui se remet tout juste de la dernière guerre et qui tremble aux bruits d’une nouvelle crise. Dans « Au revoir là-haut », le duo Albert Maillard et Édouard Péricourt était tellement puissant et flamboyant que Madeleine et Paul les deux personnages principaux de cette suite me semblent un peu plus fade. Mais poursuivre l’histoire de cette famille était très ambitieux.  Pierre Lemaitre nous décrit d’une façon piquante cette société d’entre-deux guerres où règne la corruption, le mensonge, la lâcheté et souligne sans concession les caractères de ses personnages. Madeleine n’avait pas sa place dans ce monde misogyne mais elle saura le découvrir et le contrer. Ce récit est rondement mené avec des rebondissements, du suspens. Les personnages secondaires sont eux aussi intéressants. L’art y a toujours sa place par le biais de la cantatrice dont les disques et les concerts vont sortir Paul de sa torpeur. Les années passant et Hitler arrivant au pouvoir, l’adolescent se demande s’il doit se détourner de sa passion car la diva se fait une joie de chanter à Berlin alors que les exactions sur le peuple juif et les destructions d’œuvres d’art, de livres commencent à sortir dans la presse française. (Interview de La grande librairie de Pierre Lemaitre)

J’ai aimé ce roman mais j’ai préféré « Au revoir là-haut » que j’avais trouvé exceptionnel et qui a été superbement adapté pour le cinéma en 2017 par Albert Dupontel jouant le rôle d’Albert Maillard.