
Couleurs de l’incendie
Roman de Pierre Lemaitre
Édition Albin Michel
En février 1927 le jour de l’enterrement de Marcel Péricourt, son petit-fils de sept ans Paul tombe du balcon sur le cercueil de son grand-père. Madeleine sa mère part affolée avec les secours demandant à André Fournier son amant et le précepteur de son enfant de l’accompagner. Gustave Joubert le bras droit de Marcel prend les choses en main et reforme le cortège avec à sa tête le reste de la famille Péricourt l’oncle de Madeleine Charles, avec à son bras sa femme Hortense et ses deux filles, qui n’attend qu’une chose l’ouverture du testament pour savoir s’il pourra éponger ses dettes et repartir vers une réussite dont il reproche à son frère de ne pas lui avoir donné accès. Pendant que Madeleine se retrouve au chevet de Paul se demandant si son fils a été poussé ou s’il a vraiment cherché à mourir, l’empire financier de son père va lui être mis entre les mains. Elle a été élevée pour être une bonne épouse et n’y est pas préparée. Son père cherchant à protéger son empire et l’avenir de sa fille et de son petit-fils bègue, avait souhaité qu’elle épouse Gustave Joubert de vingt ans son aîné ce que Madeleine avait refusé. Son fils survit mais sera handicapé à vie, elle culpabilise et n’écoutant que son cœur, s’occupe de son enfant laissant à l’ami de la famille Gustave Joubert le soin de gérer les affaires financières, de tenir les rênes de la banque de son père et du portefeuille qu’elle et son fils ont reçu en héritage.
Dans ce deuxième volet de la trilogie inaugurée par « Au revoir là-haut« , Pierre Lemaitre, pointe les affres du monde de la finance qui se remet tout juste de la dernière guerre et qui tremble aux bruits d’une nouvelle crise. Dans « Au revoir là-haut », le duo Albert Maillard et Édouard Péricourt était tellement puissant et flamboyant que Madeleine et Paul les deux personnages principaux de cette suite me semblent un peu plus fade. Mais poursuivre l’histoire de cette famille était très ambitieux. Pierre Lemaitre nous décrit d’une façon piquante cette société d’entre-deux guerres où règne la corruption, le mensonge, la lâcheté et souligne sans concession les caractères de ses personnages. Madeleine n’avait pas sa place dans ce monde misogyne mais elle saura le découvrir et le contrer. Ce récit est rondement mené avec des rebondissements, du suspens. Les personnages secondaires sont eux aussi intéressants. L’art y a toujours sa place par le biais de la cantatrice dont les disques et les concerts vont sortir Paul de sa torpeur. Les années passant et Hitler arrivant au pouvoir, l’adolescent se demande s’il doit se détourner de sa passion car la diva se fait une joie de chanter à Berlin alors que les exactions sur le peuple juif et les destructions d’œuvres d’art, de livres commencent à sortir dans la presse française. (Interview de La grande librairie de Pierre Lemaitre)
J’ai aimé ce roman mais j’ai préféré « Au revoir là-haut » que j’avais trouvé exceptionnel et qui a été superbement adapté pour le cinéma en 2017 par Albert Dupontel jouant le rôle d’Albert Maillard.