Roman de Michel Houellebecq
Éditions Flammarion – Janvier 2019
Michel Houellebecq a réussi en quarante pages environ à rendre son personnage principal détestable, capable de croire en l’amour de Yuzu, la japonaise dont les moeurs sont purement dégueulasses. Cette première partie est pleine de clichés délétères, de phrases non politiquement correctes. Elle exprime sans doute la colère et la frustration du personnage. Il faut s’accrocher pour poursuivre la lecture de ce roman, l’espoir de savoir qui est Camille, de savoir qu’il y a eu un avant Yuzu et la dépression de ce commercial qui analyse sa vie et ses possibilités comme un dossier d’agronomie. Quarante quatre pages pour que Florent-Claude Labrouste décide de disparaître, « de se libérer de sa relation toxique qui était en train de le tuer ».
On découvre une première fêlure à ce personnage liée au décès de ses parents, sa mère n’a pas souhaité rester en vie pour lui. Dans un univers à mon goût trop détaillés, il prend conscience de son laiser-aller qui ne peut durer et décide d’aller voir un psychiatre qui le met sous antidépresseur. La sérotonine va stabiliser son humeur tout en enlevant sa possibilité d’érection. Dans sa tête il parcours sa vie à la recherche de moments de bonheur. Cet homme est détruit par sa propre bêtise, ses infidélités alors qu’il avait la chance d’aimer et d’être aimé. Il recherche de l’aide auprès d’un ancien ami aujourd’hui agriculteur qui est encore plus déprimé que lui.
Par le biais d’un personnage dépressif, l’auteur décrit un monde d’une noirceur qui fou le bourdon. Je n’ai pas aimé lire ce livre mais il n’a pas été écrit pour qu’on l’aime mais pour choquer, interpeller sans doute. L’auteur survole des faits de société qui détruisent de nombreuses personnes, en les traitant avec un grand cynisme certain diront humour noir.
Est-ce un bon bouquin ? Je ne saurai le dire. La première partie me semble surchargée, truffées de détails inutiles. L’écriture devient plus fluide par la suite. Chercher à rabaisser l’homme à sa libido est un choix dans ce livre, une excuse pour expliquer les erreurs de ce personnage et son absence de moral.
Je tiens à dire que j’avais aimé « La possibilité d’un île » du même auteur et que je ne suis pas foncièrement anti Houellebecq. Certaines personnes m’ont dit avoir ri en lisant Sérotonine, je n’ai pas trouvé ce roman humoristique … il est très réaliste au niveau des détails, il n’y a pas de prise de recul dans le récit du personnage ce qui explique peut-être mon malaise en le lisant, cet homme Florent-claude a perdu son humanité, sa compassion, son envie de vivre … J’aurai du le prendre comme un roman d’humour noir mais je n’y suis pas arrivée.
Après lecture vous pouvez aller voir ce lien qui exprime avec humour le récit d’Houellebecq et celui-ci https://culturebox.francetvinfo.fr/livres/la-rentree-litteraire/pourquoi-serotonine-est-le-plus-houellebecquien-des-romans-de-houellebecq-283629