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Auteurs francophones, Lectures partagées, Les nouveautés, Roman, Témoignages et autobiographies

Les rêveurs

Les réveurs Isabelle Carré

Les rêveurs 

Roman d’Isabelle Carréemonji étoile de mer 4 a lire absolument

Éditions Grasset – Janvier 2018

Prix des lecteurs Sélection 2019

Une petite fille cherche de la part de sa mère une marque d’attention, elle se confronte à un regard de plus en plus vide. Cette mère qui enfant ou adolescente n’a pas reçu l’attention et le soutien de ses parents même dans les étapes difficiles de sa vie, se noie dans le regret de son premier amour, pourtant un homme va l’aimer malgré l’enfant quelle porte. Ensemble ils créeront un foyer dans la maison aux murs rouges où la petite fille et ses frères passeront leur enfance dans un environnement surprenant pour les visiteurs mais dont elle se souvient avec nostalgie.

Ce roman résonne comme une autobiographie, l’actrice Isabelle Carré s’est lancé dans l’écriture avec une plume poétique, une délicatesse des sentiments. Sans aigreur ni rancune, elle trace un tableau de son enfance qui lui a laissé quelques failles mais a fait sa force. Le théâtre deviendra pour elle malgré son manque d’assurance, un échappatoire, une façon de se créer d’autres vies dans lesquelles elle enfouira ses peurs venues de l’enfance  …

Ce roman d’Isabelle Carré dont j’apprécie nombre de ses films (en particulier Les émotifs anonymes et Se souvenir des belles choses ) m’a paru un peu confus au début, en raison de l’absence de chronologie et de l’utilisation volontaire du pronom personnel « elle » ou « il » pour des personnages qui ne sont pas nommés. Puis je me suis laissée prendre par son style et j’ai été très touchée par son histoire et la poésie que son enfance lui inspire.

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Auteurs francophones, Lectures partagées, Roman

Les amandes amères

Les amandes amères Laurence Cossé

Les amandes amères

Roman de Laurence Cossé

Éditions Gallimard  – Septembre 2011emonji étoile de mer 4 a lire absolument

 

Édith qui en tant que traductrice travaille à la maison accepte quelques heures de ménage de la part de la mère d’Aïcha, Falida. Elle se rend compte que sa femme de ménage de 65 ans ne sait ni lire ni écrire, comprend combien pour cette femme d’origine étrangère, cet illettrisme  lui complique la vie, combien cela est humiliant pour cette mère d’être toujours dépendante des autres surtout de ses propres enfants. Édith avec beaucoup de générosité propose à Falida de lui apprendre à lire et écrire pensant que son expérience avec ses fils l’aiderait. Une amitié se lie entre les deux femmes. La violence qui a jalonné la vie de Fadila a marqué son rapport aux autres, elle souffre de solitude et découvre un soutien auprès d’Édith. Mais toute la bonne volonté et l’altruisme de la traductrice viendra t’elle à bout de cet objectif, il semble que Falida oublie au fur à mesure ce qu’elle a eu tant de mal à apprendre.

J’ai été sensible au sujet de ce roman qui traite de l’illettrisme chez l’adulte étranger arrivé en France dont la culture uniquement orale ne facilite pas l’intégration. Cette génération envoie ses enfants à l’école et un fossé se creuse, laissant l’ancienne génération sur le carreau. J’ai eu l’occasion de réfléchir à l’élaboration d’un accompagnement pour des immigrés qui eux savaient écrire dans leur langue maternelle. Il me semble que l’association de l’image avec les mots leurs aurait été d’une grande aide, cela m’a surpris que l’auteur n’ait pas pensé à intégrer ce support dans son apprentissage.

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No et Moi

No-et-moi Delphine De Vigan

No et moi

Roman de Delphine de Viganemonji étoile de mer 4 a lire absolument

Édition JC-Lattès – Août 2007

 

 

La jeune Lou Bertignac, une enfant à fort potentiel n’est pas très à l’aise avec les détails de la vie quotidienne et les relations humaines. Avec une mère dépressive, un père qui fait son maximum pour sa fille, Lou a du mal à sortir de sa coquille et a conscience d’avoir plein de lubies qui l’aident à remplir le vide de son univers familial. Elle qui s’égare en permanence dans ses pensées se voit dans l’obligation de choisir un sujet d’exposé dans l’instant. Sous le regard d’un garçon qui lui plaît avec lequel elle n’ose parler, elle lance la première idée qui lui vient à l’esprit « Les sans abris ». Son professeur lui demande comment elle va s’y prendre pour traiter le sujet, elle s’entend dire qu’elle va interviewer une jeune femme SDF qu’elle a rencontrée à la gare d’Austerlitz. Lou est mise au pied du mur, elle va devoir faire quelque chose dont elle ne se croyait pas capable : aborder No et demander à cette jeune fille de 18 ans vivant dans la rue, si elle veut bien accepter de répondre à ses questions pour le lycée. Ainsi Lou va commencer avec délicatesse à apprivoiser No que la vie a déjà meurtrie profondément. Lou apprend à dépasser ses blocages tandis que No accepte la main tendue.

Delphine De Vigan a écrit ce beau roman avec la grande sensibilité qu’on lui connaît. Ses personnages qu’elle sait à chaque fois rendre attachants, nous ouvre la porte entre deux mondes que seule la naïveté et la précocité de Lou permet à No de franchir. L’auteur nous décrit l’horreur de la rue vécue par une femme SDF. (12 % des SDF serait des femmes). No et moi a été adapté au cinéma par Zabou Breitman avec Zabou Breitman, Bernard Campan, Nina Rodriguez, Julie-Marie Marmentier

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Couleurs de l’incendie

Couleurs de l'incendie Pierre Lemaitre

 

Couleurs de l’incendieemonji étoile de mer 4 a lire absolument

Roman de Pierre Lemaitre

Édition Albin Michel

 

En février 1927 le jour de l’enterrement de Marcel Péricourt, son petit-fils de sept ans Paul tombe du balcon sur le cercueil de son grand-père. Madeleine sa mère part affolée avec les secours demandant à André Fournier son amant et le précepteur de son enfant de l’accompagner. Gustave Joubert le bras droit de Marcel prend les choses en main et reforme le cortège avec à sa tête le reste de la famille Péricourt l’oncle de Madeleine Charles, avec à son bras sa femme Hortense et ses deux filles, qui n’attend qu’une chose l’ouverture du testament pour savoir s’il pourra éponger ses dettes et repartir vers une réussite dont il reproche à son frère de ne pas lui avoir donné accès. Pendant que Madeleine se retrouve au chevet de Paul se demandant si son fils a été poussé ou s’il a vraiment cherché à mourir, l’empire financier de son père  va lui être mis entre les mains. Elle a été élevée pour être une bonne épouse et n’y est pas préparée. Son père cherchant à protéger son empire et l’avenir de sa fille et de son petit-fils bègue, avait souhaité qu’elle épouse Gustave Joubert de vingt ans son aîné ce que Madeleine avait refusé. Son fils survit mais sera handicapé à vie, elle culpabilise et n’écoutant que son cœur, s’occupe de son enfant laissant à l’ami de la famille Gustave Joubert le soin de gérer les affaires financières, de tenir les rênes de la banque de son père et du portefeuille qu’elle et son fils ont reçu en héritage.

Dans ce deuxième volet de la trilogie inaugurée par « Au revoir là-haut« , Pierre Lemaitre, pointe les affres du monde de la finance qui se remet tout juste de la dernière guerre et qui tremble aux bruits d’une nouvelle crise. Dans « Au revoir là-haut », le duo Albert Maillard et Édouard Péricourt était tellement puissant et flamboyant que Madeleine et Paul les deux personnages principaux de cette suite me semblent un peu plus fade. Mais poursuivre l’histoire de cette famille était très ambitieux.  Pierre Lemaitre nous décrit d’une façon piquante cette société d’entre-deux guerres où règne la corruption, le mensonge, la lâcheté et souligne sans concession les caractères de ses personnages. Madeleine n’avait pas sa place dans ce monde misogyne mais elle saura le découvrir et le contrer. Ce récit est rondement mené avec des rebondissements, du suspens. Les personnages secondaires sont eux aussi intéressants. L’art y a toujours sa place par le biais de la cantatrice dont les disques et les concerts vont sortir Paul de sa torpeur. Les années passant et Hitler arrivant au pouvoir, l’adolescent se demande s’il doit se détourner de sa passion car la diva se fait une joie de chanter à Berlin alors que les exactions sur le peuple juif et les destructions d’œuvres d’art, de livres commencent à sortir dans la presse française. (Interview de La grande librairie de Pierre Lemaitre)

J’ai aimé ce roman mais j’ai préféré « Au revoir là-haut » que j’avais trouvé exceptionnel et qui a été superbement adapté pour le cinéma en 2017 par Albert Dupontel jouant le rôle d’Albert Maillard.

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Le dernier Lapon

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Bande dessinée

de Javier Cosnava (scénariste)

et Tonis Carbos (dessinateur et illustrateur)

d’après le roman de Olivier Truc

Éditions Sarbacane – Septembre 2018

À Kautokeino en Laponie centrale, au nord de la Norvège, un tambour traditionnel Lapon a été volé. La police des rennes est mise sur l’affaire. Deux policiers Klemet, lapon d’origine et son adjointe Nina, fraîchement arrivée du Sud du pays enquêtent alors que le cadavre de Mattis un éleveur de rennes est retrouvé le corps mutilé. Les deux affaires sont-elles liées ? Que cache ce tambour dont seul Mattis connaissait par son père chaman réputé, les secrets de fabrication. La communauté Samis s’insurgent …

Le choix de dessiner en bichromie de dégradés de bleu-gris accentue l’effet de froid, de glace du pays Lapon. J’ai beaucoup aimé le graphisme épuré, le trait mi-réaliste mi-caricatural de Tonis Carbos. Sa touche très personnelle au niveau des visages qui les rend très expressifs, m’a fait sourire. J’adore.

Cette histoire tirée du roman policier d’Olivier Truc est très bien construite et pleine de rebondissement. Quelques retour-arrières nous ramène à la colonisation du peuple Samis et son évangélisation avec une chasse à la sorcellerie qui a bien malmené cette communauté au détruisant leurs traditions orales et musicales. Cet ethnopolar vient décrire une relation difficile entre cette minorité et le reste du pays, l’ethnie Samis souffrant d’un manque de considération envers leur mode de vie ancestral. Ce livre condamne le racisme décomplexé envers les Lapons de la part de certains Norvégiens d’extrême droite, sûrs de leur supériorité.

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Mon père

Mon père Grégoire Delacourt

Mon pèrecropped-emonji-étoile-de-mer-6-magnifique.png

Roman de Grégoire Delacourt

Édition JC Lattès – Février 2019

 

Un homme rempli d’une immense colère rentre dans une église et détruit tout. Édouard Roussel élevé dans la religion vient d’apprendre que son fils a été la victime du Père Antoine Delaunoy l’ecclésiastique de cette commune, lors d’une colonie de vacances. Un huis-clos s’engage entre le prêtre et ce père de famille qui ressent une envie de meurtre face à l’ignominie, mais qui avant veut tout savoir car l’imagination est un puits sans fond.

Édouard se demande ce qu’il a raté dans son éducation pour ne pas avoir réussi à protéger son fils et comment il a pu ne pas entendre son appel au secours, que faire pour protéger nos enfants …

Ce livre est bouleversant et j’espère qu’il aidera à faire bouger les choses, il exprime le refus de certains de regarder la réalité en face et l’hypocrisie de l’Église par rapport à ces faits de viols. Les victimes ont décidé de parler, les prêtes doivent être jugés par la justice de l’homme et non pardonnés par leur hiérarchie qui ne fait que les déplacer pour faire taire la rumeur à des endroits où ils peuvent recommencer. L’Église doit arrêter de couvrir ses violeurs, beaucoup de personnes attendent que l’Église s’exprime et se réforme. L’actualité montre que le chemin sera long.

J’ai trouvé superbement écrit ce roman qui fait un parallèle entre Isaac qui a failli être sacrifié au nom de Dieu par son père et tous ces enfants victimes de viol qui meurent à petit feu dans le silence.

Je conseille fortement ce livre pour que les paroles se libèrent et qu’on ne laisse pas ces abus sexuels sur enfants se poursuivre en toute impunité.

https://www.ouest-france.fr/culture/livres/roman-le-cri-de-colere-de-gregoire-delacourt-6234887